POURQUOI LE LOUXOR. DE LA CAMPAGNE D’ÉGYPTE AU JARDIN DU DELTA

Bonaparte devant le Sphinx (1867-68) par Jean-Léon Gérôme

Suite de la série POURQUOI LE LOUXOR dont l’objet est d’esquisser les influences du Louxor, salle de cinéma de style égyptisant du quartier Barbès à Paris.

POURQUOI L’ÉGYPTE ? La passion française pour l’Égypte est une longue et grande histoire qui s’est particulièrement enrichie au retour de la Campagne d’Égypte menée par le Général Bonaparte en 1798 et 1799. Obélisques, pyramides, Sphinx, fontaines, disques ailés, ornementations et représentations égyptiennes témoignent, depuis cette époque, de l’inscription durable du style néo-égyptien dans le paysage parisien. À la question, on trouve une explication intéressante dans la dédicace d’un ouvrage d’une richesse exceptionnelle. Le fameux Voyage dans la Basse et la Haute Égypte pendant les campagnes du Général Bonaparte[1] de l’illustrateur, écrivain, et membre de l’expédition, Dominique Vivant Denon. Cet ouvrage est à la fois un carnet de voyage et d’expédition richement illustré mais aussi le panégyrique de l’épopée napoléonienne opportunément associé à la grandeur de l’Égypte éternelle.

Offert au Consul Bonaparte par Vivant Denon et accompagné de la dédicace suivante :

À BONAPARTE
Joindre l’éclat de votre nom à la splendeur des monuments de l’Égypte, c’est rattacher les fastes glorieux de notre siècle aux temps fabuleux de l’histoire ; c’est réchauffer les cendres des Sesostris et des Men
[d]ès, comme vous conquérants, comme vous bienfaiteurs. L’Europe, en apprenant que je vous accompagnais dans l’une de vos plus mémorables expéditions recevra mon ouvrage avec un avide intérêt. Je n’ai rien négligé pour le rendre digne du héros à qui je voulais l’offrir.
VIVANT DENON
.

Vingt années après [2] le début de la Campagne de Bonaparte, le désir d’Égypte a su évoluer et s’inscrire durablement dans le quotidien des Parisiens, on ne compte plus ses références dans l’architecture, la peinture, la mode, la littérature, le mobilier, jusqu’aux loisirs… En 1818, s’ouvrent à Paris dans le 9e [3] arrondissement, à 200 mètres de ce qui deviendra en 1921 l’emblématique Louxor… les promenades égyptiennes puis le Jardin du Delta et ses attractions. Nous reproduisons ici un texte de Lucien Lazard, archiviste et membre fondateur de la Société du Vieux Montmartre, publié en 1912 dans le Bulletin de la Société du Vieux Montmartre dont il fut membre fondateur.

LE JARDIN DU DELTA


« On nous assure que les promenades Egyptiennes seront sous peu de jours ouvertes au public. Cet établissement, construit à grands frais, rue du Faubourg Poissonnière, n° 105, réunira une grande variété d’amusements, parmi lesquels les danses et les courses en char tiendront le premier rang. On cite la beauté du jardin dont les allées et bosquets touffus offriront un asile assuré contre les rayons du soleil. La montagne destinée aux courses présente une ligne de douze cents pieds à parcourir ; des moyens à la fois ingénieux et exempts de tout danger servent à élever les chars au sommet de la montagne, en sorte qu’on pourra sans interruption continuer la course. Un bâtiment considérable renferme un vaste salon décoré à l’égyptienne qui, en temps de pluie, offre une salle de danse couverte, et en tous temps un élégant café. La décoration du bâtiment principal et le tracé du jardin sont de M. Henriette. architecte : c’est M. Hoyau, ingé­nieur-mécanicien qui est l’auteur des machines. » Telle est la longue note insérée dans le Moniteur, 4 mai 1818, p. 558.

Et dans son numéro du jeudi 14 mai, le même journal (p. 596) annonce « Promenades Égyptiennes, rue du Faubourg Poissonnière, n° 105 : aujourd’hui Fête et bal champêtre, course de chars, etc. »

Le dimanche 24 mai (p. 639) nouvelle note plus explicite :

« Le public commence à se plaire aux promenades égyptiennes, faubourg Poissonnière. Avant hier jeudi, les courses et les ascensions ont commencé à midi et duré jusqu’à onze heures, malgré la fraîcheur du tems. L’administration se propose de donner une grande fête, dimanche 24 du courant ».

Puis la rédaction des annonces varie :

« Aujourd’hui (Lundi 25 mai) fête champêtre, ascensions et courses en char, bal champêtre et autres divertissements ».

Qu’était-ce donc que ces promenades égyptiennes et où étaient-elles situées ?

Chose bizarre pour un établissement qui ferma ses portes il y a moins d’un siècle la réponse est malaisée. Entre le plan de Verniquet qui date de l’époque Révolutionnaire (1789 à 1798) et celui de Vasserot qui ne fut commencé qu’en 1827, alors que le quartier qui nous intéresse avait été transformé par des percements, il n’existe pour déterminer la situation d’une propriété parisienne que les plans cadastraux des contributions. Grâce au beau catalogue que mon collègue Ernest Coyecque en a publié en 1908 dans le Bulletin de la Société de l’Histoire de Paris p. 238 à 280, il m’est permis de vous dire que le 105 de cette époque était une immense propriété, la seconde après la rue Pétrelle : ses jardins à la française coupés de bassins s’étendaient en profondeur jusqu’à la moitié de cette rue en façade, ils longeaient le faubourg Poissonnière, représentant à peu de choses près les numéros 157 à 187 actuels, et couvraient une superficie d’environ 30 000 mètres.

Deux vues nous ont été conservées des Promenades Égyptiennes ou du jardin du Delta. Toutes deux se trouvent dans l’Album 290 de la topographie de la France au Cabinet des Estampes : la première est une lithographie sans date et assez grossière d’Engelmann, rue Cassette, la seconde une charmante aquarelle anonyme.

Dans la lithographie, un haut pylône se dresse couronné par un large portique à l’égyptienne sur le fronton duquel sont sculptées les deux ailes d’épervier du Dieu Horus au Aroueris ; du pied du portique part une pente fort raide qui semble longée par deux rails sur lesquelles courent les nacelles qui vont choir à l’extrémité d’une sorte d’enceinte ovoïde, où elles étaient sans doute arrêtées par des préposés de l’administration qui, dans l’estampe, sont représentés debout. Une balustrade de bois ferme l’enceinte de la pente. A droite de la pente un terrain plat est parsemé de bouquets d’ar­bres ; à gauche de cette même pente, une sorte de colline qui la borde est plantée d’arbustes et d’arbres qui grimpent jusqu’au portique. Des bâtiments légers, chalets d’un dessin assez vague sont semés dans les arbres. Au fond de la perspective se dresse la colline de Montmartre avec son église, derrière laquelle on aperçoit la tour du télégraphe, et, plus à droite, un moulin.

Au premier plan des promeneurs en longues redingotes conversent entre eux ou avec des dames ; des enfants courent de tous les côtés.

Dans l’aquarelle fort jolie – ce qui la différencie d’une façon sensible de la lithographie – le portique à l’égyptienne est flanqué à l’arrière d’une vaste plate-forme rectangulaire et bordée d’une balustrade, où sans doute prennent place les amateurs désireux de faire ce voyage plein d’émotions.

Dans l’intérieur du portique, une sorte de kiosque mobile en forme de dais drapé d’étoffe bleue où s’assoient les voyageurs, est hissé par une poulie accrochée au sommet du portique, jusqu’à une longue pente le long de laquelle il court, longeant d’abord un bâtiment égyptien d’aspect élégant, sans doute le café dont il a déjà été parlé, puis un terre-plein en maçonnerie du même style. Derrière le portique, un bâti en charpente semble supporter un autre appareil aérien assez difficile à définir : tout à fait au fond, derrière des verdures, un Montmartre de fantaisie ; au premier plan des per­sonnages, un élégant et une belle dame coiffée à la grecque, attablés à un guéridon, prennent des glaces : plus loin un monsieur fort coquet donne le bras à une dame vêtue d’une longue tunique blanche froncée au bas ; tous deux conversent avec une jeune personne également vêtue de blanc, décolletée, les bras nus, la tête couverte d’une toque gracieusement chif­fonnée sur laquelle retombe une plume jaune élégamment recourbée.

De ces deux images, laquelle répond le mieux à la réalité des choses ? Cruelle énigme, que je ne me sens pas la force de résoudre. La seconde pourtant, l’aquarelle, semble le mieux s’adapter à la seule description que nous ayons des Montagnes Égyptiennes, qui est due à M. d’Allemagne (Musée rétrospectif de la classe 100 de l’Exposition universelle de 1900, à Paris, tome II, p. 350), mais qui, malheureusement un peu imprécise, manque aussi d’indications de sources.

« La vogue des montagnes russes et des montagnes françaises fut si considérable, qu’on ne tarda pas à en établir une troisième espèce nommée mon­tagnes égyptiennes : ces dernières ne différaient des autres qu’en ce qu’il n’y avait pas de pavillon servant de point de départ ; les voies entre les poutres n’étaient pas couvertes d’un plancher, et dans cette rapide excur­sion aérienne, on voyait fuir le sol qui semblait s’échapper sous les pas du voyageur. On s’était plu, dans cet amusement, à augmenter en quelque sorte les dangers : les chars étaient dépourvus de toute sorte de balustrade ou d’appui et on se trouvait suspendu, pour ainsi dire, dans le vide. Il arrivait fréquemment que les voyageurs qui n’avaient pas compté avec la sensibilité de leurs nerfs, furent pris de vertige au moment où la voiture était lancée dans l’espace, et, comme rien ne les retenait, ils venaient impitoyablement s’écraser sur le sol ».

Les historiens de Paris sont sobres de renseignements sur cet établissement : Lefeuve qui en donne le plus, dans ce style bizarre dont il a le monopole, écrit : « A côté d’une habitation de nourrisseur qui se revoit au 123, un des hôtels de cette génération s’est drapé d’un jardin anglais de 8 arpens livré au public sous le Directoire à titre de Promenades Egyptiennes ».

Il est inutile de faire remarquer les inexactitudes contenues dans ces quelques lignes : la plus flagrante est celle qui attribue à l’époque du Directoire, l’ouverture d’un établissement qui n’eut lieu que dix-neuf ans plus tard. Claude Ruggieri, (Précis historique sur les Fêtes etc. Paris 1830, in-8°, p. 96), après avoir annoncé que le jardin ouvrit en 1818, dit qu’il y eût « des montagnes assez mal conçues ; aussi ne furent-elles exploitées que deux ans ».

Quoiqu’il en soit, l’exploitation battit son plein au cours de l’année 1818. Vers le mois de juillet cependant, un accident survenu aux Montagnes Françaises à Beaujon faillit être fatal à tous les jardins à montagnes. Un intendant militaire, Dufresne et son neveu, se tuèrent par suite du renversement du char où ils étaient assis. On annonça même la fermeture de tous les établissements où étaient installés ces jeux périlleux. Ce ne fut pourtant qu’une menace. Dès le 26 du même mois les Promenades Égyptiennes annonçaient (Moniteur, 1818, p. 892) :

« Aujourd’hui, fête et bal champêtre, feu d’artifice ; tous les jours le jardin est ouvert pour la promenade. Jeudi prochain 30 juillet, pour la reprise des courses en char, première grande fête extraordinaire. »

Et les divertissements continuèrent jusqu’à la fin de septembre.

L’année suivante (1819) les promenades égyptiennes disparurent pour devenir le Jardin du Delta. Quelle était l’origine de ce nom ? Je l’ignore, mais il était certainement dû à l’influence du goût égyptien qui avait valu à Paris depuis vingt ans, entre autres choses, la maison de la place du Caire, et la fontaine de la rue de Sèvres.

Désireuse d’attirer un public que la distance effrayait et qui manquait de moyens de communications – les omnibus ne devaient voir le jour que neuf ans plus tard en 1828, et les Hirondelles qui, circulant de la Barrière Rochechouart à la Barrière Saint-Jacques, auraient desservi le quartier, qu’en 1835 – désireuse, dis-je, d’attirer le public, la direction fit de nouveaux efforts : aux attractions de l’année précédente on ajouta des expé­riences de physique (Moniteur, 20 juin 1819, p. 818) ; puis on exhiba le 5 septembre de la même année « Cornelius Sakayounta, chef de la tribu des Oneïda ou les huit sauvages du Haut Canada et sa famille ; le globe de verre, le bal champêtre, M. Brasi, les courses en char, les illuminations en verres de couleur, le grand feu d’artifice ». (Moniteur, 1819, p. 1174).

Cela ne suffisait pas encore, et on y ajouta le Wiski à cygne : ce devait être selon toute apparence un cabriolet léger traîné par des cygnes, à moins que ce ne fût une nacelle en forme de cabriolet.

Tout cela ne paraît pas avoir attiré la foule et la clôture eut lieu le 26 septembre (Moniteur, p. 1260).

De 1820 à 1822, les feux d’artifices du Delta furent exécutés par Claude Ruggieri et l’établissement paraît avoir traîné une vie languissante jusqu’à la fin de 1824.

C’est alors, sans doute, que fatigués de garder un terrain d’un revenu insuffisant, les propriétaires, MM. Lambin et Guillaume, demandèrent et obtinrent l’autorisation (ordonnance du 25 février 1825), d’ouvrir sur l’emplacement du jardin du Delta une rue qui reçut le nom de rue du Delta. Toutefois la rue ne fut reçue au nombre des voies publiques que par arrêté préfectoral du 2 octobre 1840 : jusqu’à cette date, Lambin avait trouvé toutes sortes de prétextes pour ne pas exécuter le premier pavage qui lui incombait : il en eut pour huit mille francs.

Un peu plus tard, et toujours sur l’emplacement du jardin s’ouvrit une seconde rue du Delta : c’est aujourd’hui la partie de la rue de Dunkerque qui va du faubourg Poissonnière à la rue Rochechouart. Enfin ce nom de Delta parut si joli aux contemporains de Charles X et de Louis Philippe, que dans le même quartier, quelques années plus tard, les fondateurs du nouveau quartier Poissonnière, créé aux alentours de la place Charles X où s’élève aujourd’hui l’église Saint-Vincent-de-Paul, baptisèrent une de leurs nouvelles voies, rue du Delta : elle a nom aujourd’hui rue de Valenciennes, et nous savons par un rapport d’ingénieur de l’époque que déjà on ne s’y reconnaissait plus.

Dans la plus ancienne de ces trois rues du Delta, celle qui a toujours gardé ce nom, se fonda, peu après le percement, une société de transports qui jouit d’une grande renommée. Leboulanger et Varin installèrent au mois de décembre 1828, la Société des Berlines du Delta, dans l’immeuble n° 6.

Pour les élégants qui voulaient avoir l’air d’avoir une voiture, ces gracieux véhicules étaient tout désignés : par la gravure bien connue de Lœillot qui les représente, nous pouvons juger de leur aspect. Cette haute et coquette voiture bien suspendue, traînée par deux chevaux robustes, ressemble fort aux équipages de noces de nos jours : à l’arrière, une large entretoise permettait aux amateurs de gala, d’y percher, en cas de besoin, deux valets de pied comme on en voyait encore il y a cinquante ans aux voitures de cour ; dans la gravure de Lœillot, à la place des valets de pied, siège un mitron effronté que le cocher s’apprête à faire descendre par un coup de fouet bien appliqué.

Voici maintenant les actes de naissance de la nouvelle entreprise. « L’utilité du service des voitures de place est depuis longtemps reconnue, mais à une époque où tout se perfectionne, cette branche de l’industrie réclamait d’importantes améliorations. La malpropreté des voitures et le peu d’urbanité de cochers étaient passés en proverbe. On nous promet enfin des voitures propres et des cochers polis ; le nom de fiacre si désagréable à l’oreille, est même supprimé, nos élégants pourront, sans se compromettre, réclamer une Berline du Delta.

« C’est sous ce dernier titre que plusieurs loueurs de voitures réunis en Société, vont exploiter 150 voitures de place. Cette entreprise nouvelle n’augmentera pas les embarras de la circulation car les 150 Berlines du « Delta, ne feront que remplacer 150 fiacres sur les places de Paris.

« Elles seront reconnaissables à leur couleur uniforme (jaune clair), à une jarretière en cuivre dans l’intérieur de laquelle se trouvera le nom des nouvelles voitures et surtout un petit numéro qui les distinguera de leurs frères aînés ; l’habillement des cochers sera soigné.

« Les entrepreneurs se proposent de distribuer par abonnement des cachets pour la course et pour l’heure à un prix au-dessous du tarif actuel, de telle sorte qu’on sera dispensé de faire avec le cocher un compte dans lequel il est rarement dupe.

« Cette société a créé 900 actions de 1000 francs chacune, 610 se trouvent réparties entre les associés fondateurs pour leur mise de fonds, de telle sorte qu’il n’en reste à émettre que 290 qui offrent aux capitalistes un placement avantageux ; on peut consulter à cet égard, l’acte passé le 20 octobre dernier chez M. Froyer-Deschènes, notaire, rue de Richelieu, n° 57 ». (Moniteur, 27 novembre 1828, p. 1757).

Quelques jours après paraissait une nouvelle réclame.

« Les entrepreneurs des Berlines du Delta ont présenté hier leur première voiture à M. le Préfet de Police qui leur en a témoigné sa satisfaction. Ces voitures sont vastes, commodes et élégantes sans luxe. L’intérieur en est aussi soigné que l’extérieur : les harnais des chevaux sont de la plus grande propreté ! Enfin, les berlines du Delta présentent l’aspect des voitures de remise. A partir du lundi 15 décembre, elles stationneront sur les places. »

(Moniteur, 14 décembre 1828, p. 1825).

La note du Moniteur renfermait une légère erreur matérielle quant au commencement du service : les entrepreneurs s’empressèrent de la rectifier par la lettre suivante qui parut dans le Moniteur du 15 (p. 1828).

Au rédacteur.

Monsieur,

Vous avez bien voulu annoncer à vos lecteurs qu’un certain nombre de nos voitures stationnerait sur les places lundi prochain ; en effet, ce jour-là, elles seront conduites à la préfecture de police pour recevoir le petit numéro qui doit les distinguer des fiacres. Ce n’est que le lendemain mardi que leur service commencera réellement ; mais comme nous désirons que notre entreprise s’annonce au public sous d’heureux auspices, nous vous prions de vouloir bien annoncer que la totalité des recettes faites ce jour-là par nos nouvelles voitures sera remise à M. le Préfet, comme notre offrande et pour seconder les vues de ce digne magistrat, relativement à l’extinc­tion de la mendicité.

Nous avons l’honneur de vous saluer.

Leboulanger, Varin et Cie.

Entrepreneurs des Berlines du Delta.

Conformément à leur promesse les entrepreneurs versèrent à la Préfecture de Police, à la souscription ouverte à ce moment pour l’extinction de la mendicité, et due à l’initiative du préfet M. Debelleyme, leur recette du 16 décembre. Elle s’élevait à 207 fr. 50.

Leboulanger et Varin gérèrent leur société pendant trois ans : le 20 avril 1831, Varin mourait âgé de 39 ans : sa veuve, née Marie Pauline Fessard, continua l’exploitation d’abord avec l’associé, puis seule. En 1850, elle la transporta rue de Dunkerque ; l’année suivante paraît avoir vu la fin des Berlines du Delta.

Aujourd’hui, entre quelques maisons neuves sans caractère, quelques vieilles masures contemporaines de Lambin et un ou deux terrains vagues – derniers restes des bosquets et des montagnes du passé – la rue du Delta étend mélancoliquement ses 200 mètres. A la nuit close souvent, quelques couples amoureux s’y promènent, non en souvenir des idylles de jadis, mais parce que la rue est la plus mal éclairée du quartier.

Lucien LAZARD

Le + :

Dictionnaire historique des rues et monuments de  Paris (1855) – Félix et Louis Lazare

DELTA (rue du)

Cette rue a été ouverte sur les terrains appartenant à MM. Lambin et Louis Guillaume. Sa largeur est de 12 m. L’ordonnance royale d’autorisation est du 2 février 1825, et a imposé à ces propriétaires les conditions suivantes : de supporter les frais de premier établissement du pavage et de l’éclairage de la nouvelle rue ; – d’établir de chaque côté des trottoirs de 1m50c. de largeur, ce qui laissera  une largeur de 9 m. à la chaussée réservée aux voitures ; – de se conformer aux lois aux règlements sur la voie de Paris, etc… – Cette ordonnance fut immédiatement exécutée, et la rue nouvelle reçut, en vertu d’une décision ministérielle du 16 août 1825, la dénomination de la rue du Delta, afin de rappeler l’emplacement sur lequel ce percement a été effectué. (Le Jardin du Delta était un établissement où l’on donnait des fêtes dans le genre de celles qui eurent tant de vogue au jardin de Tivoli).

Sources : Bibliothèque nationale de France (Gallica), Société des amis du Vieux Montmartre, M.David, The Project Gutenberg, New York Public Library, Égypte, passion française (R.Solé, 1997, Le Seuil).


[1]“best seller”, publié en 1802, réimprimé de nombreuses fois et édité en plusieurs langues, à lire [ici]. Napoléon est alors Premier Consul, il deviendra Empereur deux années plus tard en 1804.

[2]Napoléon est à Sainte Hélène, règne de Louis XVIII.

[3] Dans le 9e arrondissement, à quelques mètres du 10e. Erreur corrigée grâce à la vigilance d’un de nos lecteurs dont on trouvera le commentaire en bas de page.
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Laurent Laborie

Laurent Laborie est président de PARIS-LOUXOR.